vendredi 9 mars 2012

Episode 10

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “A l'intérieur, il fait chaud. Ca sent le poulet, les oignons, peut-être les pommes de terre. Le frigo cache une mousse au chocolat. Nous le savons. Mais la table n'est pas mise. La cuisine, si chaude, est glaciale. La mère envoie la première flèche.
- Quelle heure est-il, les filles ? Ai-je un problème d'horloge ?
Elle attrape, lèvres serrées, main sèche, rapide, le poignet de Lorette. Regarde la montre. Regarde l'horloge du salon.
- C'est bien ce qui me semblait. L'heure est la même pour tous. Tu pensais que c'était quoi, ça, ma chérie ? Une boussole ? Une rose des vents ? Un baromètre ? Tu veux que je t'apprenne à t'en servir ?
Une claque.
Et le silence.
- Vous ne dites rien ? Très bien. Vous ne mangerez pas. Montez tout de suite.
La deuxième flèche ? La voilà.
- Et séparément. Que je n'entende pas un bruit. Pas un murmure. Ou c'est le petit déjeuner qui saute. De toute façon...
Elle brandit, enfin souriante, de sa main gauche, la clé.
- Je vous enferme.
Elle tourne le dos. Derrière, Lorette regarde Valentine et esquisse, de ses lèvres rieuses, sans un son
- Baguette magique.” (Jessica Thomas)


(Suite de l’histoire n°2) “” (Fr.)


(Suite de l’histoire n°3) “Sabou se retrouva à nouveau en marge des autres enfants du quartier, à la différence toutefois que j'avais désormais gagné sa confiance. De la fin de l'école jusqu'à 18 heures, nous passions notre temps ensemble et notre royaume était la rue. C'est là que ce garçon si secret m'ouvrit la porte de ses propriétés. Les récits qu'il me livrait de sa petite enfance me faisaient franchir l'océan, et j'ignore si ce qui me déboussolait le plus était l'étrangeté de ses histoires exotiques ou bien l'éveil dans mon cœur d'un sentiment nouveau qui venait me bousculer jusque dans mes rêves. ” (Fabrice)


(Suite de l’histoire n°4) “De retour chez lui avec son chat Marcel, le professeur Duplessis entrepris de défaire les valises qu’il avait laissées quasiment intactes depuis son retour. Il songea un instant qu’il lui aurait suffit d’y replacer sa trousse de toilette et un peu de linge propre pour être prêt à repartir, pour disparaître comme d’un coup de baguette magique, loin des souvenirs, des policiers, des intrigues de Charles et des détectives. Il enverrait en toute hâte une carte à Marie-Reine depuis l’aéroport, pour l’avertir de son départ mais sans lui dire où il s’en allait ni quand il reviendrait. Il faudrait qu’elle prenne encore un peu soin de Marcel si elle le voulait bien. Ou qu’elle le prenne tout court, après tout. Il était presque 14h, en sautant tout de suite dans un taxi il pourrait bien attraper un vol pour…disons…tout en spéculant, il se représentait mentalement une carte du monde qu’il parcourut en tout sens comme du doigt. Oui, voilà, Zanzibar.
Marcel, en se frottant trop affectueusement à l’une de ses extrêmités, fit basculer l’une des valises qui se retrouva sur le dos, roulettes en l’air comme un gros coléoptère renversé incapable de se remettre d’aplomb. Il détala aussi sec vers le fond de l’appartement. La surprise avait suffit à ramener le professeur Duplessis au moment présent. Il redressa la valise, et mis quelques instants avant de se souvenir du code permettant d’en ouvrir le cadenas. Pourquoi diable n’avait-il pas choisi un bête modèle à clefs ! La valise s’ouvrit avec un soulagement, il sembla au professeur Duplessis qu’elle avait exalé quelques kilos d’air. Sur le dessus se trouvait son carnet de notes. En l’ouvrant machinalement, il tomba sur une page quasiment vierge, seule une flèche qu’il avait lui-même tracée renvoyait à un nom et un numéro de téléphone. Ceux du détective.
” (AB)


(Suite de l’histoire n°5) “Quand l’américaine fit mine de vouloir quitter les archives, P. s’empressa de rendre son manuscrit, réunit ses affaires et rendit au responsable de salle la petite pancarte portant la lettre L pour libérer son pupitre. Il comptait entamer la conversation avec l’ancienne hippie au nom homérique dans le vestiaire, mais elle était partie d’un pas rapide. L’horloge sonna une heure. Il disposait encore d’un peu de temps avant le rendez-vous avec La Torre. Son texte était prêt, il n’avait pas envie de passer par l’hôtel. Il décida donc de la suivre. L’américaine se faufila dans les rues autour de la cathédrale, toujours d’un pas vif, puis arrivée à une place, elle entra dans une boutique. À la grande mappemonde exposée en vitrine, P reconnut la librairie de son vieil ami Joan : La rosa dels vents. Il attendit un bon moment à l’extérieur, un œil sur le spectacle de magie qui captivait les touristes et leur progéniture sur la place, l’autre sur la librairie. Deux coups retentirent. 13h30. L’américaine sortit, presque immédiatement suivie du libraire. Tandis qu’il fermait la porte pour aller déjeuner, P. l’interpella :

-Bonjour, Joan.
-Paco! (C’était l’une des rares personnes qui s’autorisaient avec lui une telle familiarité.) Quelle surprise !
-Un colloque monté par La Torre.
-Viens, viens, allons prendre un verre. Tu ne devineras jamais ce que je viens d’acheter ! Tu la connais, toi, cette Iris Beetle ?” (AF)

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